Le lac Saint-Point fait partie des plus grands lacs naturels de France par sa superficie. Il se situe dans le département du Doubs, au sein du massif du Jura,
à une quinzaine de kilomètres de la ville de Pontarlier.
La légende de Damvauthier
Il y a bien longtemps, au fond d’une vallée, en bordure du Doubs, s’étalait une belle cité située dans un écrin de prairies et d’épicéas qu’on nommait Damvauthier.
La ville entière était connue pour ses richesses et son opulence. Les terres étaient bien fertiles, les cultures produisaient en abondance et le Doubs fournissaient nombre de poissons de belles
tailles, enfin tout réussissait à ses habitants. Mais cette richesse leur avait rendu le cœur dur et froid. Plus rien ne pouvait les émouvoir… On disait même qu’ils vivaient dans la débauche la
plus complète, menant une vie dissolue, faite de plaisir et de paresse, d’orgies et de violence extrême.
Un vieux moine, tentait de remettre de l’ordre parmi ces âmes perdues, mais le mal était déjà bien enraciné, et il eut beau faire et beau dire, rien n’y fit, et l’on finit par le chasser hors du
village. Il alla se réfugier dans une petite cavité sur les hauteurs, revenant régulièrement au village, infatigable et entêté, reprenant son prêche.
C’est par une journée froide et glacée, que les habitants virent s’approcher au loin, une femme tenant un enfant dans ses bras. Epuisée et transie de froid, elle marchait dans la neige, le dos
courbé, protégeant son petit des rafales cinglantes du vent . Arrivée à la place du village, elle s’enquit auprès des quelques personnes se trouvant là, celui qui pourrait l’héberger le temps
d’une nuit, et lui fournir à elle et son enfant un peu de nourriture ; en effet se rendant à quelques lieux plus loin, le mauvais temps l’avait surprise et la nuit commençant à tomber la faisait
redouter au pire.
Mais aucune des personnes ne prit la peine de lui répondre…elle ne trouva qu’indifférence. L’une d’elles commença à se moquer de ses haillons, puis une autre à l’invectiver avant de lui lancer
des morceaux de glace pour la faire fuir. Les évitant, elle continua sa quête, toquant de porte en porte, implorant suppliant pour la survie de son enfant.
Elle ne trouva qu’hostilité, raillerie, et méchanceté.
Epuisé, à bout de force, elle s’agenouilla au pied d’une statue de la Vierge, et l’a supplia de sauver au moins son enfant.
A cet instant, une ombre s’approcha d’elle. Effrayée, elle leva la tête et vit un vieux moine qui la dévisageait d’un regard bienveillant. Il lui prit la main et lui dit : Viens !
Il les emmena en retrait de la ville, sur les hauteurs, là, où lui-même s’était réfugié il y avait bien longtemps, hors de l’agressivité des habitants. Il leur offrit de partager son maigre
repas, une soupe et du pain… Plus tard, il leur aménagea une couche dans un coin de sa modeste demeure, où elle et son enfant, réchauffés et rassasiés pouvaient enfin se reposer.
Dans la nuit, aucun d’entre eux n’entendit ce qui se passait plus bas. Un terrible désastre, provoqué par un glissement de terrain avait fermé la rivière en amont. Le barrage céda quelques heures
plus tard, provoquant une vague gigantesque qui dévasta tout sur son passage. Ce fut si rapide, qu’il n’y eu aucun survivant. Les débris accumulés fermèrent partiellement la rivière en aval,
créant ainsi un lac de toute beauté en opposition avec l’effroyable cataclysme qui venait de se dérouler.
C’est son enfant, affamé qui la réveilla au petit matin alors que les premiers rayons du soleil hivernal illuminaient l’intérieur de l’abri. La jeune femme chercha des yeux le vieux moine,
mais celui-ci avait disparut. Elle découvrit en place et lieu de la cité de Damvauthier un longue étendue d’eau et compris l’effroyable catastrophe.
D’aucuns diront que, n’ayant pas eu pitié d’une femme et de son enfant, les gens de Damvauthier avaient tous péris, emportant avec eux la terrible dureté de leur cœur…..
Bien des années plus tard, un village se forma en bordure du lac qu’on appela Saint Point en souvenir du moine Saint Ponce (Saint Point).
Les légendes sont tenaces… !!!
Jo.
© Copyright 2010 -